1 avis
Et toujours les forêts, roman / Collette, Sandrine (1970-....). Auteur
Livre
Edité par JC Lattès ; Impr. Floch - 2019
Corentin, personne n'en voulait. Ni son père envolé, ni les commères dont les rumeurs abreuvent le village, ni surtout sa mère, qui rêve de s'en débarrasser. Traîné de foyer en foyer, son enfance est une errance. Jusqu'au jour où sa mère l'abandonne à Augustine, l'une des vieilles du hameau. Au creux de la vallée des Forêts, ce territoire hostile où habite l'aïeule, une vie recommence. A la grande ville où le propulsent ses études, Corentin plonge sans retenue dans les lumières et la fête permanente. Autour de lui, le monde brßle. La chaleur n'en finit pas d'assécher la terre. Les ruisseaux de son enfance ont tari depuis longtemps ; les arbres perdent leurs feuilles au mois de juin. Quelque chose se prépare. La nuit où tout implose, Corentin survit miraculeusement, caché au fond des catacombes. Revenu à la surface dans un univers dévasté, il est seul. Humains ou bêtes : il ne reste rien. Guidé par l'espoir insensé de retrouver la vieille Augustine, Corentin prend le long chemin des Forêts. Une quête éperdue, arrachée à ses entrailles, avec pour obsession la renaissance d'un monde désert, et la certitude que rien ne s'arrête jamais complètement. Finaliste du Grand Prix RTL-Lire 2020
Se procurer le document
Autre format
Issus de la même oeuvre
Avis
Avis des professionnels
-
Une sombre forêt pour survivants aux âmes éternelles
"Il fallait vivre chaque jour comme s'il était le dernier - pas pour se faire peur, mais pour avoir le moins de regrets possible. De toute façon, il en resterait. De toute façon, la mort n'était jamais parfaite." Corentin est un garçon qui a grandi loin, très loin de l'amour maternel. Sa petite enfance n'a été qu'une suite de désillusions, de manques et de tristesse. Il est cahoté sans cesse d'une famille de remplacement à une autre jusqu'au jour où sa mère, lasse d'avoir à charge cet enfant qu'elle déteste, l'abandonne à la lisière d'une forêt où elle même avait grandi. C'est là que se trouve la pauvre bâtisse où vit Augustine. La grand mère accueille l'enfant malgré quelques réticences. Peu à peu des liens forts se tissent entre ce deux êtres et, grâce à la bienveillance d'Augustine et à l'entourage des forêts que l'enfant a appris à chérir, le caractère de Corentin se forge, le bonheur simple d'être aimé l'habite enfin. Puis arrive le jour où le jeune homme doit partir à la grande ville afin de continuer ses études. Corentin est d'abord énivré puis déçu par la vie citadine : l'anonymat, la solitude et surtout l'éloignement des forêts le blessent . C'est pour échapper à ce mal être que tous ses weekends, il descend dans les catacombes avec d'autres étudiants un peu perdus comme lui. Ce que nous pouvons nommer l'effondrement, survient pendant un de ces moments d'enfouissement, sauf que cette fois, à la sortie des catacombes le constat est effrayant : Corentin est sauf mais à la surface il ne reste plus d'humain, ni d'animaux vivants ; nous ne serons jamais au cours du récit ce qui a pu causer cette catastrophe, là n'est pas l'important. Servi par une langue merveilleuse, d'une grande précision, crue et poétique à la fois, "Et toujours les forêts" nous captive dès le premier paragraphe. Nous cheminons à coté de Corentin, nous arpentons avec lui ce retour improbable vers les forêts, embarqués dans un voyage initiatique à rebours où tout espoir semble être vain. On retrouve avec bonheur dans ce roman aux accents post-apocalyptiques, les thématiques chères à l'auteure : les grands espaces sauvages, la nature, la vie rude et impitoyable qu'elle impose aux humains, la réflexion écologique, l'engagement ou encore les personnages dotés d'une forte forme de résilience. Un seul mot pour conclure : un excellent Sandrine Colette !
ESTER bibliothécaire - Le 28 septembre 2020 à 16:38