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Tempête sur Kinlochleven / May, Peter (1951-....) - romancier. Auteur
Livre
Edité par Rouergue ; Impr. Floch - 2024
Policier de Glasgow, Cameron Brodie est un homme veuf et solitaire qui n'a plus que six mois à vivre. Lorsque son chef lui donne pour mission d'enquêter sur le corps d'un journaliste d'investigation retrouvé dans un tunnel de glace dans les Highlands, il accepte dans l'espoir de revoir sa fille, Addie, qui habite dans les montagnes de Mamores. ©Electre 2024
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Avis des lecteurs
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Noirceur et rage
C’est un vrai plaisir de retrouver Peter May et son style très particulier. L’écriture est simple, fluide, et pourtant il y a une «patte» Peter May bien spécifique. Je retrouve par ailleurs ses descriptions de la nature sauvage écossaise, comme lui seul sait la décrire, de mon point de vue. Et même si les lieux de l’intrigue sont balayés par une tempête et recouverts de neige, même si les températures sont glaciales, on a quand même envie d’y aller pour nous retrouver nous aussi le souffle coupé par la beauté des paysages : montagnes sous le soleil d’hiver, lac aveuglant par ses reflets. Une autre «marque» Peter May : les retours dans le passé raconté par le héros, comme dans la trilogie écossaise. Mais cette fois nous sommes en 2051. J’ai eu peur du roman science fiction en découvrant la date, mais j’ai très vite été rassurée : l’histoire pourrait se dérouler aujourd’hui, les êtres humais sont toujours les mêmes, il y a juste un peu plus de technologie et un peu plus d’intelligence artificielle (la paire de lunettes sur le nez est un véritable petit ordinateur, l’hélicoptère se conduit tout seul et on peut lui parler, il nous répond). Ce bond dans le futur est le prétexte pour Peter May pour nous montrer les ravages irréversibles du changement climatique dans le monde : une partie du globe est sous les flots et n’existe plus à cause de la montée du niveau de la mer, comme Londres, la Norvège, ou la côte est américaine ; une autre plus au sud est devenue invivable parce que trop chaude, empêchant toute forme de vie et obligeant la population à émigrer en masse au nord, créant les conflits liés à l’émigration et le racisme qui va avec. Ce monde apocalyptique continue pourtant de subir les conséquences désastreuses des décisions politiques où seuls le pouvoir et l’argent comptent : l’histoire ne sert pas de leçon, elle continue de se reproduire. C’est un des trois premiers niveaux de lecture de ce roman, très bien décrit par l’auteur. Roman policier, donc intrigue avec un meurtre à élucider. C’est le deuxième niveau de lecture. Le corps d’un journaliste d’investigation est retrouvé figé dans la glace au sommet d’une montagne difficilement accessible, un inspecteur de la capitale est envoyé sur les lieux pour enquêter. Très vite, les morts s’accumulent en même temps que la tempête fait rage de plus en plus fort. J’ai été bien prise par l’intrigue jusqu’au 2/3 du roman, puis j’ai deviné qui était l’assassin et ça a un peu gâché mon plaisir. Mais les rebondissements ont continué jusqu’à la fin et je n’ai pas pu décrocher avant la dernière page. Et enfin, troisième niveau de lecture, l’inspecteur qui profite de l’occasion pour retrouver sa fille qui le hait et qui ne lui a plus parlé depuis dix ans après la mort de sa mère. Il sait qu’il va mourir, on apprend très vite qu’il a un cancer, et il veut raconter à sa fille les choses qu’il n’a jamais dites à personne concernant le suicide de sa femme. Ici,comme dans l’intrigue policière, j’ai rapidement deviné son secret qu’il finira par dévoiler, et là aussi ça m’a gâché mon plaisir. Mais c’est une très belle relation qui nous est présentée et les émotions des personnages très bien décrites, l’inspecteur en particulier est vraiment émouvant et nous fait vibrer avec lui, certains passages sont bouleversants. D’autres thèmes sont également abordés par l’auteur : - Les violences faites aux femmes, les difficultés de celles-ci à sortir de l’emprise de celui qui les maltraitent, - La suite du Brexit : l’Écosse est devenue indépendante, elle a réintégré l’Union Européenne et elle se targue d’être la meilleure élève de l’UE en matière d’énergies renouvelables. On verra au fil de l’histoire que ce n’est pas aussi simple que ça. Un bon roman de Peter May, que j’apprécie toujours de retrouver. Mon coup de cœur reste pour l’instant «L’île des chasseurs d’oiseaux», premier tome de la trilogie écossaise.
SELLAMI AIDA - Le 30 novembre 2025 à 14:31