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L'heure des prédateurs / Da Empoli, Giuliano (1973-....). Auteur
Livre
Edité par Gallimard ; Normandie roto impr. - 2025
Récit écrit du point de vue d'un scribe aztèque, dans lequel il décrit la conquête du pouvoir par les prédateurs que sont, entre autres, les autocrates et les seigneurs de la Tech.
7 emprunts.
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Avis
Avis des lecteurs
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La lutte continue
Je suis partagée sur ce livre. J'avais adoré "le mage du Kremlin" et il était naturel que je poursuive avec "L'heure des prédateurs". J'ai retrouvé ce style si particulier qui me plait tant : très bien écrit, avec un certain détachement et un humour anglais "so british", une érudition et des connaissances historiques indéniables. A cela s'ajoute la parole venue de l'intérieur du pouvoir, dans les plus hautes sphères de nos dirigeants. On connaît les frasques de Trump, ou Mileï, ou Bukeke, mais j'ignorais que B. Obama s'était fait réélire à la présidence des États Unis grâce à Google, et que l'aide d'un certain Eric Schmidt a été plus importante encore que celle apportée à Trump par Elon Musk. ça fait froid dans le dos. L'épisode où Mohammed Ben Salman, dit MBS, fait enfermer 350 des hommes les plus riches et les plus puissants de l'Arabie Saoudite, la plupart des cousins et des oncles, est également sidérante. Ce sont ces deux formes de pouvoir qui dirigent actuellement notre monde et nous mène vers de plus en plus de chaos : d'un côté les algorithmes et l'Intelligence artificielle, de l'autre des hommes sans règles ni valeurs morales assoiffés de toujours plus de pouvoir. On ne fait même plus semblant de respecter la démocratie. Démocratie d'ailleurs de plus en plus désignée comme cause principale de troubles par des Poutine ou des Xi Jinping. On n'apprend pas grand chose dans ce livre si on suit l'actualité géopolitique. Mais c'est dit d'une façon qui percute, regardant avec des yeux dessillés une situation internationale qui ne serait pas juste conjoncturelle comme on aimerait le croire. Ce qui n'a rien de rassurant. Les limites du livre : - On dénonce, et puis quoi ? Quelles réflexions, quelles analyses pour accompagner justement les 3 derniers mots du livre "la lutte continue" ? Quelle lutte, par qui, comment ? - Les peuples et les citoyens sont absents de ces 150 pages. Ils n'existent plus, même s'ils ont encore cette fonction de voter ? Une impression globale mitigée donc : érudition, connaissances, humour d'un côté, mais aussi frustration comme face à quelque chose de pas fini. Comme s'il manquait au moins un tiers du livre. Dommage.
SELLAMI AIDA - Le 04 novembre 2025 à 11:42